Marie Reilhac

Publication

Livres uniques 1985-1995.

Marie Reilhac a débuté sa démarche artistique personnelle par un travail à partir du fragment, de l’infime, avec de délicats livres-objets. Le mot s’y allie à l’image, pour mieux renforcer la force poétique de l’ensemble, qui propose une exploration des sens. En effet, l’artiste ne se contente pas de convoquer la vue, mais aussi l’ouïe par la musique des mots, ou encore le toucher grâce à des inclusions de diverses matières collées, mais aussi cousues. Cette production, intime et ludique à la fois, trouverait toute sa place dans les vitrines d’un cabinet de curiosités moderne.

Collages,

Prolongeant la démarche initiée avec les livres uniques, les collages, créés à partir de fragments de photographies glanées dans la presse, et rehaussés de plages de gouache et de pastel sec, donnent à voir des univers imaginaires. Au fil des années, la place de l’élément inséré tend à diminuer avec l’usage de nouvelles techniques telles que le monotype, procédé d’impression sans gravure, qui a permis à Marie Reilhac de progresser dans sa conquête de l’espace offert par le support.

Oisillonage, 1996-1999.

Cet ensemble représente un tournant dans la production de Marie Reilhac, qui, tout en quittant l’abstraction en s’intéressant aux oiseaux et à leurs comportements, s’attaque au grand format avec des acryliques sur panneaux. En parallèle, sur la même thématique des volatiles, l’artiste approfondit la technique du monotype, et crée des sculptures à partir de papiers colorés sur des armatures de fils de fer. Le « bestiaire ailé » imaginé par Marie Reilhac se déploie alors dans toutes les dimensions de l’espace.

Dialogues et invectives

constitue une série de monotypes sur vélin d’Arches avec des retouches au pastel de formats divers, réalisée en 1999-2000. Il s’agit d’un jalon important dans le travail de Marie Reilhac, qui s’est orienté, depuis une dizaine d’années, vers une exploration picturale et graphique des rapports humains. Seuls ou en groupe, les protagonistes sont saisis à des moments cruciaux de leurs échanges verbaux et physiques, qu’il s’agisse de l’instant qui précède l’interaction, de celui de l’apostrophe, ou encore du repli qui suit leur confrontation. Les visages et les corps réduits à l’essentiel, tout comme les couleurs vives et contrastées, contribuent à traduire la vivacité, voire la violence potentielle des dialogues humains.

Histoire de gestes, 2005-2009.

Dans la lignée de Dialogues et invectives, cette série d’acryliques sur panneaux analyse les diverses interactions humaines et leurs manifestations physiques. La couleur disparaît momentanément, procurant une forte dimension sculpturale aux corps peints, silhouettes blanches se détachant sur des fonds noirs. La palette regagne rapidement de l’amplitude, avec des coloris éclatants, et le règne végétal s’invite alors parmi les hommes, tendant à occuper toujours plus de place.

Linogravures, 2009-2011.

Texte et photos à venir.

Les Paravents, 2011-2012,

qui comptent parmi les productions les plus récentes de Marie Reilhac, font écho, de manière amplifiée, à la démarche initiale des livres uniques, souvent présentés en accordéons, et qui faisaient intervenir des inclusions diverses. Si l’homme demeure bien présent, il est enveloppé dans des forêts luxuriantes aux couleurs chatoyantes, dont la présence se fait tantôt rassurante, tantôt menaçante, créant des atmosphères variées. Cette place donnée au paysage s’accorde avec le support, le paravent, dont le déroulement crée un espace propice à l’évasion. Cette série forme un condensé d’éléments récurrents chez Marie Reilhac, aussi bien du point de vue des techniques que de l’iconographie. Ainsi, les oiseaux cohabitent avec des éléments abstraits et avec l’homme présenté dans toute sa diversité expressive, tandis que la recherche du monumental et l’éloge du minuscule se rencontrent, les plages de couleurs pures accompagnant les fragments d’images et de matériaux collés.

 

Leporello

Ce mot, peu usité dans le langage courant, désigne un type de livre qui se déplie comme un accordéon grâce à une technique de pliage et de collage de ses pages. Il s’agit d’une antonomase tirée de l’opéra Don Giovanni de Mozart. Dans le premier acte, Leporello, le valet de Don Juan, montre à Donna Elvira la liste des conquêtes de son maître, si importante qu’elle est pliée en accordéon. Ce même procédé est depuis longtemps utilisé au Japon pour former des albums appelés goshuin cho (御朱印長), qui servent à recueillir les sceaux des temples.
Dans ses travaux les plus récents, l’artiste Marie Reilhac s’est approprié ce support, propice au déploiement d’une nature mi imaginaire mi réelle qui se fait tantôt cocon rassurant, tantôt univers inquiétant pour les êtres qui l’habitent. Une photographie glanée dans la presse, l’attitude d’inconnus saisie dans la rue, l’examen des planches illustrées de livres de botanique et d’anatomie, mais aussi la contemplation de fleurs, de feuilles ou des fruits de saison sont autant de sources d’inspiration pour Marie Reilhac. Ailleurs, c’est une couleur intense qui lui sert de point de départ et qui inonde les pages du recueil, lui donnant une cohérence et séduisant notre œil.
Les Leporello, dont le format répond à celui des paravents peints par l’artiste, sont comme des herbiers intimes. Posés à la verticale, plus ou moins dépliés, ils se font objets et investissent l’espace. Le spectateur peut à sa guise se laisser prendre à la surprise du détail en isolant certaines pages, qui comprennent nombre d’éléments collés et de fragments d’images retravaillés, ou parcourir du regard les recueils dans leur globalité, créant ainsi lui-même une histoire. L’absence de titres, volontaire, contribue à stimuler notre créativité. Par ce cheminement visuel le long des images qui forment des récits sans mots, des paysages sans noms ouvrent vers un ailleurs poétique et coloré.
Marie Reilhac a débuté sa démarche artistique personnelle par un travail à partir du fragment, de l’infime, avec de délicats livres-objets, où le mot s’alliait à l’image. Elle a ensuite successivement exploré le collage, le monotype, la peinture grand format sur bois, abstraite puis figurative, la sculpture et même la gravure. Forte de toutes ses expérimentations, elle est naturellement revenue à son support initial : les Leporello sont un véritable condensé de nombreuses années de recherches plastiques.

Alix Durantou, historienne de l’Art et de la Mode

Drame de l’expression

 

Aux portes du rêve…

C’est un objet aussi délicat qu’intrigant que nous avons sous les yeux. Le « leporello », qui doit son nom au valet de Don Juan dans l’opéra de Mozart (1), est un livre-accordéon poursuivant, sur le mode miniature, la série précédente consacrée aux « Paravents ». Ce support atypique, outre l’avantage de n’imposer ni la linéarité ni le morcellement du feuilletage classique, se révèle un appel à la gourmandise, puisque l’oeuvre peut être vue d’un simple coup d’oeil dans son intégralité. Pourquoi Marie Reilhac a-t-elle fait le choix de privilégier un format vingt-quatre faces pour cette série de leporellos ? Peut-être parce que la tonalité intimiste qui se dégage de chacun d’eux n’est pas sans évoquer le journal de bord d’une femme attentive aux moindres soubresauts d’un quotidien questionné et transfiguré par la grâce de la peinture.
Il n’est d’histoire que de l’âme, dit le poète. L’artiste ne le contredira pas. Rejetant le figuratif qui ne serait qu’un duplicata du visible, congédiant la possibilité d’une trame narrative circonstanciée et trop aisément identifiable, elle nous plonge dans les coulisses du rêve éveillé, à l’image de cette femme, assise dans sa chambre et dont le regard transforme les vêtements de sa penderie en une succession de troncs d’arbres multicolores. Le traitement fauve des éléments naturels est donc ici au service d’un onirisme à multiples facettes. Un champ d’iris devient une mer bleue où il est possible de faire la planche en toute sérénité. Mousses et fougères se muent ailleurs en algues et varechs pour le plus grand plaisir de la nageuse lancée dans un dos crawlé. Plus loin, d’étranges créatures, mi-terrestres, mi-aquatiques, suscitent l’effroi et la fuite affolée du personnage. Le cauchemar, on le voit, n’est jamais loin. La tendresse non plus, même si la complicité amoureuse peut s’avérer aussi volatile que les aigrettes d’un pissenlit.
De l’azur brume au lapis-lazuli, du rose pâle au rouge pourpre, du jaune topaze au jaune or, toutes les nuances des couleurs primaires sont présentes pour exalter la partition d’un imaginaire explorant solitude et relations humaines dans toute leur complexité. Si la forêt est omniprésente, c’est parce qu’elle possède cette ambiguïté propice à toutes les interprétations. Tour à tour refuge et piège, espace de réunion et de séparation, de méditation et de peur, elle résonne en nous comme un paysage intérieur fascinant, avec ses ombres de doutes, d’incertitudes, mais aussi avec ses grandes trouées lumineuses qui semblent autant de raisons d’accorder une certaine confiance en l’avenir.
(1) Dans le premier acte de Don Giovanni, ce valet présente en effet à Donna Elvira la longue liste des conquêtes de son maître, pliée en accordéon.
Frédéric Lacoste

 

At the gateway to a world of dreams …

The item in front of us is as delicate as it is intriguing. The “Leporello”, named after Don Juan’s valet in the Mozart opera (1), is an accordion book which, in miniature mode, follows on from the previous series devoted to “Paravents”. Beside its advantage of imposing neither the linearity nor the fragmentation of traditional pages, this unusual medium reveals itself to be a temptation to gluttony, since the work can be seen in its entirety in a single glance. Why did Marie Reilhac opt for a twenty-four panel format for this series of leporellos? Maybe because the intimate tone which emanates from each of these is somewhat reminiscent of the diary of a woman aware of the slightest disruption to an everyday life queried and transfigured by painting.
The only history is the soul, a poet might say. An artist would not beg to differ. Rejecting the figurative form which would merely duplicate the visible world, and dismissing the possibility of a detailed and too easily identifiable narrative framework, she plunges us into the stage wings of a waking dream, like this woman, sitting in her room, her gaze transforming the clothes in her wardrobe into a succession of multi-coloured tree trunks. Here, the fawn-coloured treatment of the natural elements thus serves a multifaceted fantasy. A field of irises becomes a blue sea in which it is possible to drift in complete serenity. Elsewhere, mosses and ferns evolve into seaweed and kelp, to the delight of the swimmer in the midst of a backstroke. Further along, strange half-terrestrial, half-aquatic creatures arouse fear and headless flight. Nightmares, it is clear, are never far away. But neither is tenderness, even if complicity in love can be as volatile as the pistils of a dandelion.
From misty blues to lapis lazuli, from pale pinks to deep reds, from topaz to golden yellows, every shade of primary colour is present in order to highlight the partition of an imaginary world exploring solitude and human relationships in all of their complexity. Forestscapes are omnipresent because they embody an ambiguity which is open to any interpretation. In turn a refuge and a trap, a space for meeting and separation, for meditation and fear, the forest resonates in us like a fascinating interior landscape, with its shadows of doubt and uncertainty as well as its large luminous aisles resembling as many reasons to retain a certain faith in the future.
(1) In the first act of Don Giovanni, the valet in fact provides Donna Elvira with a long list of his master’s conquests, folded accordion-style.
Frédéric Lacoste

 

Regards dans le judas

L’utilisation d’un format rond remonte aux origines de la peinture. On le trouve en effet dès l’Antiquité romaine, où abondent portraits et représentations mythologiques circulaires. Mais c’est au moment de la Renaissance italienne que le terme tondo – qui signifie littéralement « forme ronde » – apparaît pour instaurer une vogue culminant avec la Vierge du Magnificat de Botticelli. Dès lors, ce format ressurgira constamment au fil des époques, à l’image d’un XVIIIe siècle qui le choisira volontiers pour représenter des sujets mythologiques et des portraits féminins. Un peu plus tard, Le Bain turc d’Ingres et les Nymphéas de Monet en seront les déclinaisons les plus connues. Plus près de nous encore, Pollock, Zao Wou-Ki, Lichtenstein ou Pat Andrea, pour n’en citer que quelques-uns, poursuivront l’aventure du tondo.
Au travers de cette série, Marie Reilhac s’inscrit donc dans une longue tradition occidentale dont elle semble, au premier abord, s’amuser à revisiter les grands thèmes récurrents, n’hésitant pas à les détourner pour offrir son regard et son style ancrés dans le monde d’aujourd’hui. Connaissant parfaitement le monde des vignerons du Sud-Ouest, la peintre donne à voir une version renouvelée des bacchanales antiques où hommes et femmes lèvent gaiement le coude à la faveur, peut-être, d’une gerbebaude où l’on fête la récolte des dernières grappes. Ailleurs, dans une possible évocation des Baigneuses dans la forêt de Renoir, le plaisir de la nage, qui sillonne son oeuvre, s’illustre au détour d’une scène radieuse dans le lit d’un cours d’eau où les protagonistes nus s’ébrouent en toute innocence.
Quant à l’enfance, elle occupe cette fois une place inédite grâce à quelques portraits familiaux. Sur l’un d’eux, un garçonnet blond est placé au centre du groupe formé par quatre adultes, tandis qu’un trompe-l’oeil, dans la partie inférieure, rappelle les guirlandes « à l’antique » que l’on trouvait sculptées autour des tondi du Quattrocento. Mais comme souvent chez la peintre, une menace sourde pèse sur la sérénité intérieure patiemment conquise. Et si l’enfant est protégé, c’est peut-être parce qu’un danger guette. D’où, plus loin, ces expressions inquiètes qui se lisent dans les regards. D’où, encore, ces mains en porte-voix et cet appel lancé dans un décor qui se désagrège. Ailleurs, l’ambiance guillerette qui présidait au verre de vin entre convives s’est volatilisée pour laisser place à une scène plus sombre où une femme regardant dans notre direction est considérée avec insistance par quatre hommes à la proximité inquiétante.
Véritable défi formel, cette série sur le tondo, par la seule force du format, instaure un nouveau rapport avec le spectateur, comme si celui-ci était invité à coller son oeil dans un judas virtuel pour s’immerger pleinement dans l’imaginaire de l’artiste. Entre moments de pure sérénité et irruptions de brusques tensions, l’oeuvre de Marie Reilhac multiplie les tonalités et les grilles de lecture, révélant une ambiguïté aussi subtile que déstabilisante.
Frédéric Lacoste

 

Si loin de la béatitude…

Des adultes de tous âges s’ébattent gaiement dans ce que l’on pense être une immense piscine à ciel ouvert. Un couple trinque avec de l’eau jusqu’à la ceinture ; des groupes font cercle pour discuter ; d’autres nagent en solo ou se font violence pour se mouiller au-delà du petit orteil. Devant ce dessin croquant un cliché de vacances, le spectateur ressent une familiarité souriante. Sauf qu’une légère arrière-pensée, dès lors qu’on s’immerge plus avant dans cette scène estivale, vient jouer les trouble-fêtes. Pourquoi certains individus portent-ils un T-shirt alors qu’ils sont dans l’eau ? Pourquoi ressentons-nous une forme d’étrangeté devant ces touristes chaussant les mêmes lunettes de soleil et le même chapeau ? Tout à coup, la notion d’individu bascule vers l’indifférenciation grégaire, le mimétisme généralisé. Et surtout, la piscine en est-elle vraiment une, avec ses remous capricieux et sa blancheur d’écume ? Une catastrophe n’est-elle pas sur le point de survenir ?
Tout l’art de Marie Reihac est dans cette ambiguïté maîtrisée qui ouvre de multiples pistes d’interprétation. Car s’il y a incontestablement du « lien social », comme on aime à le répéter aujourd’hui, dans l’ensemble de ses dessins, les relations humaines ne sont pas aussi apaisées qu’on pourrait le penser au premier abord. Toute joie n’est pas congédiée, loin de là, mais les rassemblements festifs, avec alcool et musique à gogo, paraissent minés par une solitude que l’on pressent plus qu’on ne voit. L’alcool aidant, les corps dénudés pourraient, le temps d’une parenthèse désinhibée, ramener l’homme vers une innocence perdue. Pourtant, l’atmosphère générale dégage quelque chose de nauséeux, d’explicitement poisseux, et les personnages, se pinçant parfois le nez, se contorsionnent dans des postures grotesques augurant mal d’une libération salvatrice.
Et l’amour, alors ? Qu’en est-il de lui ? Offre-t-il un cocon douillet, permettant de prendre un peu d’altitude dans ce monde où les murs sont difficilement franchissables ? Là encore, la relation à l’autre ne va pas de soi. Même dans l’étreinte, parfois sauvage, un signe graphique peut symboliquement séparer les deux corps prêts à fusionner, comme si chacun était enfermé dans son univers fantasmatique. La tendresse et la sensualité sont certes perceptibles ici et là, mais l’homme et la femme ne se font que très rarement face dans les dessins de Marie Reilhac. Une mélancolie sourde affleure dans ces visages qui regardent ailleurs, comme sur celui-ci, où une femme s’approche d’une fenêtre dont les battants ouverts, par un effet de perspective, ressemblent à s’y méprendre à deux barreaux suggérant la claustration plus que l’air frais. Sur un autre dessin, un homme sur fond noir est assis sur un lit, à proximité d’une femme alanguie, mais rien, dans leur attitude, n’exprime la moindre complicité. Si proches et si loin pourtant, pourrait-on presque lire en sous-titres… Oui, les arrière-plans sombres, les mouvements nerveux du pinceau, les contrastes de couleurs, tout cela contribue à miner les rêves d’harmonie et de concorde fraternelle pour laisser place à un humanisme plus complexe, et peut-être plus pessimiste. Comme disait Oscar Wilde, la vérité est rarement pure et jamais simple…

Signature : Frédéric Lacoste

 

 

So far from bliss …

Adults of all ages play cheerfully in what is presumably an immense open-air swimming pool. A couple drink a toast to themselves in the waist-deep water; groups form circles to discuss; while some swim away happily, others pluck up the courage to take a dip. Faced with this tasty drawing of a holiday snapshot, the viewer feels a familiar cheerfulness. Except for a slight after-thought which comes to spoil the party as soon as you immerse yourself more fully into this summer scene. Why are some swimmers wearing T-shirts in the water? Why do we feel something bizarre about these holidaymakers all wearing the same sunglasses and hats? All of a sudden, the concept of the individual tilts towards crowded egalitarianism, and a generalised sense of mimicry. Is the swimming pool really what it seems, with its capricious eddies and its frothy whiteness. Might there be a disaster in the offing?
This controlled ambiguity is a constant theme in the art of Marie Reihac, and is open to multiple interpretations. There is a clear “social bond”, as we often call it today, in all of her drawings, and human relationships are not as peaceful as we might think. It is not that joy is banished, far from it, but festive gatherings, with alcohol and music galore, seem to be undermined by a solitude which is felt rather than seen. With the assistance of alcohol, the bare bodies might, for an uninhibited moment, bring man back to a lost innocence. And yet, the general atmosphere exudes a slight nausea, an explicit greasiness, and the characters, who sometimes hold their noses, are contorted in grotesque positions, a bad omen for freedom and redemption.
And love? What about love? Does it offer a cosy cocoon, lifting us up a little in a world where walls are so hard to break down? Here again, the relationship to the other cannot be taken for granted. Even in the midst of a sometimes wild consummation, a graphic sign can symbolically separate the two bodies on the point of melding, as if each were locked in their own fantastical universe. Tenderness and sensuality are certainly perceptible, here and there, but only rarely do man and woman face each other in the drawings of Marie Reilhac. A muffled melancholy is reflected in their faces as they gaze elsewhere, as here, where a woman approaches a window, the perspective effect of whose open sashes could be mistaken for two bars, suggesting confinement rather than fresh air. In another drawing, a man against a black background sits on a bed, close to a languid woman, but nothing in their attitude indicates the slightest association. So near yet so far, is almost the sub-title here … Yes, the darkened backgrounds, the nervous flicks of the brush and the contrasting colours all work to undermine dreams of harmony and sibling solidarity, giving way to a more complex, and maybe more pessimistic humanism. As Oscar Wilde put it, the truth is rarely pure and never simple…

Traduction: Justin Bielle

 

 

Peering into the peephole …

The use of circles harks back to the very origins of painting. It started as early as in ancient Rome, which abounded with circular portraits and mythological representations. But it was during the Italian Renaissance that the term tondo – literally, “round in shape” – reappeared, starting a trend which culminated with Botticelli’s Madonna of the Magnificat. Since then, the format has constantly reappeared over the centuries, such as in the 18th century, when it was a popular choice for the representation of mythical subjects and female portraits. A little later, Ingres’ The Turkish Bath and Monet’s Water Lilies have become its most well-known examples. Even more recently, Pollock, Zao Wou-Ki, Lichtenstein and Pat Andrea, to name but a few, have all continued the adventures of the tondo.
With this series, Marie Reilhac thus joins a long western tradition in which she on initial inspection seems to be having fun revisiting the great recurring themes, divert them unhesitatingly in order to contribute a vision and style her very own, and anchored in today’s world. Perfectly familiar with the world of south-western France’s winemakers, the painter provides an up-to-date version of the ancient bacchanalia, men and women gaily raising their glasses, possibly during a harvest party to celebrate the harvesting of the last clusters of grapes. Elsewhere, possibly invoking Renoir’s Bathers in the Forest, the joy of swimming, a constant theme throughout her work, is illustrated with a radiant scene in which the naked protagonists frolic in all innocence in the bed of a stream.
As for childhood, this time, this takes pride of place thanks to several family portraits. In one, a blond boy is positioned in the centre of a group of four adults, while a trompe-l’oeil in the lower part of the piece is a reminder of the “ancient” garlands carved around the tondi of the Quattrocento. But as is often the case with this artist, a muted threat weighs on this patiently acquired internal serenity. If the child appears to be under protection, this is may be because some danger lurks. Hence, on further inspection, the anxious expressions to be read on their faces. Or hence, even, the hands cupped to shout into the background as it falls apart. Elsewhere, the playful atmosphere which presides over the glasses of wine raised by the guests evaporates to give way to a much more sombre scene in which a woman looking in our direction is eyed insistently by four men in disquieting proximity to her.
A veritable challenge of forms, this series on the tondo, through the mere force of its format, establishes a new relationship with the onlooker, as though the latter has been invited to peek into a virtual peephole and immerse themselves fully in the artist’s imagination. Between moments of pure serenity and eruptions of sudden tension, the work of Marie Reilhac multiplies the tones and grids with which they can be read, revealing an ambiguity which is as subtle as it is destabilising.

Frédéric Lacoste